Intrusion Nocturne [Vigdis/Khyrios]

Il était déjà tard et le crépuscule allait se briser pour laisser place à la nuit. Vigdis, quand à elle, venait de finir sa journée de travail. La chaleur avait été étouffante, poussant la belle naïade à attacher sa cascade de cheveux roses en une longue et épaisse tresse. Aujourd'hui était jour de fête pour le village en contrebas de son habitation. En ces temps dures, chacun faisait ce qu'il pouvait pour se divertir. Les festivités allaient durer trois jours, trois jours où Vigdis aurait pour principaux maux à soigner foulure banale, chute d'ivrogne, etc.

Elle soupira et s'étira. Il était grand temps pour elle d'aller se coucher. Elle retournerait au village qui est le sien dans quatre jours précisément, pour se ressourcer et remettre ses stocks de plantes aquatiques à jour. Elle sentait qu'elle avait besoin de voyager, les contrés du nord étaient son terrain de jeu favoris. Il n'y avait parfois rien à perte de vue et cela lui permettait de courir sans croiser personne, ni homme, ni animal. Cet espace sur lequel elle pouvait se défouler en toute liberté l'amusait beaucoup.

Son travail, en revanche, était une vrai contrainte : tous ces gens, tous ces hommes qui tournaient autour de la cabane, qui faisaient du bruit pour rien, étaient une agitation qu'elle supportait mal. Cependant elle se devait de canaliser son dégout de la foule, qu'elle devait fréquenter en permanence au port, sur le marché, dans son cabinet, partout. La nuit était bien le seul instant calme de ses journées. Alors, quand un bruit étranger vint déranger le rangement qu'elle avait entrepris, elle s'étonna.

- Désolée, je suis fermée, revenez demain matin, dit-elle avant de se retourner pour n'apercevoir personne.

Elle pensa un instant que c'était étrange, avant de se dire que ce n'était peut être, simplement, qu'un animal qui était passé trop près des murs. Pourtant, le bruit se répéta et Vigdis fut immédiatement sur ses gardes. Elle saisit son canif accroché à sa cuisse et se retourna. Cette fois une silhouette se dessinait distinctement devant elle.

- Qui êtes vous?

Le continent de l'Ouest, un lieu bien loin de la juridiction de Khyrios tiens. Elles étaient rares les fois où l'on pouvait voir le Nécromant s'aventurer aussi loin de son cimetière lieu de villégiature. Et il ne le faisait jamais de gaité de cœur, juste quand ses besoins l’exigeait. La dernière cela avait été lorsqu'il avait eut vent de la mort d'une créature très rare et dont il voulait la queue au tranchant acéré. C'était il y avait de cela bien des mois et depuis il ne travaillait plus qu'à domicile, son domicile. Mais cette fois-ci, son procédé avait besoin d'un élément que jamais il ne trouverait là où il était, ce fut pour cela qu'il se retrouvait sur le continent de l'Ouest...

Il venait de marcher tout le jour et bientôt la nuit salvatrice ne tarderait pas à tomber. On ne savait toujours pas pourquoi le continent de l'Ouest l'intéressait-il tant... Mais la réponse allait venir bien assez tôt alors qu'il pénétrait enfin dans les Montagnes des Eaux. Bien sur, le décor ne l'enchantait guère, il préférait le glauque de son cimetière et de son petit laboratoire personnel... m'enfin il fallait bien passer par là. Son passage néanmoins, ne resterait pas inaperçu. En effet sur le chemin qu'avait emprunté le Banni, on pouvait suivre son parcours par les plantes mortes desséchées et et les cadavre d'animaux mort à qui il manquait tantôt une patte, tantôt un œil... Au bon vouloir de l'ex-démon.

Fort d'une besace bien pleine de viscères et autres chose peu recommandable, il arriva enfin aux abords de sa destination finale. Il faisait maintenant bien nuit et Khyrios se fondait avec elle remarquablement bien. Tel un fantôme, il approchait la petite maisonnette tenue par, disait-on, une femme poisson aux compétences avérées en Herboristerie. C'était en effet cela que le Nécrodément venait chercher, des plantes pour un embaumement assez... Spéciale dont il garderait le secret bien entendu....

Lorsqu'il fut assez prêt, il entendit la voix de l'occupante. Ainsi donc c'était fermé... Il pensait alors revenir plus tard mais au final, il se ravisa. Il n'était pas question d'attendre encore, il avait fait un long chemin jusqu'ici ce n'était pas pour rebrousser chemin. Ce fut pourquoi elle n'avait rien vu la première fois mais qu'à la seconde, une silhouette se tenait devant elle. Cette silhouette n'était autre que le Fossoyeur en personne. Le contre-jour que faisait la lune donnait un aspect encore plus inquiétant que la norme à son personnage. Son ombre s'étendait semblant infinie dans la salle principale de la maison. Il fut donc normale qu'elle prenne son arme pour se défendre. C'est alors que le Banni prit la parole :

« Tu comptes faire quoi avec ce jouet pour gamin ? Je suis venu pour affaire et n'ai pas l'intention de repartir maintenant »

Fit-il d'une voix grave et incroyablement monotone même s'il venait de poser une question, ce qui le rendait encore plus étrange.

Son regard bleu glacé et livide, fixait la jeune femme, un peu plus et on aurait dit qu'il voulait lui arracher le cœur en un seul coup d'oeil. Heureusement, il n'en était rien, il avait besoin de ces plantes et ne pouvait pas se permettre de sacrifier celle qui pouvait lui en procurer. Un mince sourire plus « accueillant » se dessinait sur son visage vaguement. Essayait-il de se montrer soudainement plus abordable ?

» Vigdis Av Vann
» Khyrios Von Bartholomaeus, pour vous desservir...